Votre manager est-­il compétent ?

Si votre responsable hiérarchique est à ce poste, c’est probablement qu’il en a les compétences. Enfin… pas si sûr. Serait-­il capable d’effectuer les tâches qui vous sont assignées ? Si c’est le cas, vous êtes un salarié heureux. En revanche, dans le cas contraire, il y a fort à parier que votre satisfaction au travail s’en trouvera très affectée.

Ces constats sont issus d’une enquête réalisée auprès de plusieurs dizaines de milliers de salariés britanniques et américains. Avec un résultat sans appel : « Nos résultats montrent que les chiffres sur votre bulletin de salaire ou l’endroit où vous travaillez sont bien moins importants que le fait de savoir si votre patron sait réellement de quoi il parle », déclare l’auteur, le Dr Amanda Goodall, maître de conférences en management à la Cass Business School à Londres.

Si la compétence technique du manager est donc essentielle, elle ne suffit pas à votre bonheur. L’étude démontre en effet que son parcours et son évolution au sein de l’entreprise sont également une forte influence sur votre bien-­être. « Les universitaires ont constaté que la satisfaction au travail des employés était plus élevée si le patron avait gravi les échelons de l’entreprise ou l’avait fondée ». Ce sont donc non seulement ses réelles compétences mais aussi sa légitimité qui permettent aux salariés de se sentir en confiance et compris par leur hiérarchie.

L’étude remet ainsi en question les nouveaux modes de management, consistant à confier à des professionnels de l’encadrement des équipes de tous métiers. Ces « mercenaires » du management, aujourd’hui formés par milliers dans les grandes écoles, et qui n’ont plus aucune connexion avec les tâches « subalternes », risquent donc de générer un profond mal-­être au sein des entreprises.

Les résultats de l’étude prônent donc un retour à une vision traditionnelle du manager, qui redevient ainsi le meilleur technicien qui a su ajouter une corde à son arc. « Les conclusions de l’étude sont un coup dur pour ceux qui prônent le « managerisme » rampant actuel, par lequel les directeurs généraux sont parachutés dans des organisations qu’ils connaissent peu. Pour diriger une écurie, il faut un minimum comprendre les chevaux, et pas seulement être un bon jockey », explique Andrew Oswald, professeur d’économie à l’Université de Warwick.