Stagiaires, vous êtes le carburant de l’économie française !
En témoignent les levées de bouclier et autres « coups de gueule » lancés par nombre de responsables d’entreprises, suite aux évolutions du statut et de la rémunération des stagiaires.
« Interdiction des stages de plus de 6 mois sauf exception, hausse de la gratification imposée, contraintes renforcées à la signature des conventions, durée de présence comptabilisée, nombre limité de stagiaires dans l’entreprise, inscription de ces derniers dans le registre unique du personnel… Les principales dispositions de la loi d’encadrement auront forcément des conséquences désastreuses sur notre économie », tonitrue Guillaume Cazauran, Partner du cabinet de consultants TNP. En creux, on comprend donc que cet éminent dirigeant trouvait normal de pouvoir employer des stagiaires plus de 6 mois, de ne pas règlementer leur temps de travail ou de les payer quelques misérables 436 euros, plutôt que la somme astronomique de 540 euros pour 150 heures de travail mensuelles, soit 3,60 euros de l’heure, à compter de septembre 2015. De quoi en effet mettre l’économie française en péril !
Le dirigeant s’insurge surtout contre la limitation du recours aux stagiaires qui ne doivent pas dépasser de plus de 10% de l’effectif salarié dans l’entreprise : « Mon entreprise est ainsi passée par des périodes où leur nombre excédait une part de 10 % du nombre de salariés embauchés. Désormais, ce ne sera plus possible, ce qui aura inévitablement des conséquences économiques majeures », explique-t-il, désespéré. Il précise pourtant que ce recours massif à des jeunes sous-payés répond à des problématiques liées à « certaines phases de croissance » dans les petites et moyennes entreprises. On comprend donc mal pourquoi cette croissance ne profiterait pas à de « vrais » salariés, même en CDD.
Et pour appuyer son propos, le dirigeant consultant brandit l’éternelle menace : les jeunes issus des universités seront les premiers dindons de la farce et verront leurs opportunités se tarir, à cause de ces nouvelles mesures. Un raisonnement particulièrement retord : il traduit en creux le fait que les entreprises sont prêtes à accueillir des diplômés de l’université, à condition de les payer 540 euros par mois. Contrairement aux diplômés des grandes écoles, qui eux, peuvent entrer par la grande porte. Le « coup de gueule » de Guillaume Cazauran a au moins le mérite de la franchise : « Il est complètement illusoire d’imaginer que les entreprises embauchent des stagiaires seulement pour participer à leur formation académique ». Imaginer l’entreprise soucieuse de son rôle sociétal, en particulier à l’égard des jeunes ? On n’en demandait pas tant !