Les compétences exceptionnelles des personnes autistes n’intéressent pas les entreprises françaises
Aux Etats-Unis, Microsoft annonce fièrement sur son blog le lancement d’un programme de recrutement d’une dizaine de personnes atteintes d’autisme. Ces nouvelles recrues viendront renforcer ses équipes basées au siège de l’entreprise, à Redmond. « Les personnes atteintes d’autisme (…) ont d’étonnantes capacités à retenir les informations, à penser à un très haut niveau de détail, ou excellent en mathématiques ou en codage », explique Mary Ellen Smith, vice-présidente des opérations de Microsoft. La dirigeante ne fait pas secret de sa sensibilité personnelle sur le sujet : son fils de 19 ans a été diagnostiqué comme autiste depuis son plus jeune âge.
Si la démarche est louable, elle n’est qu’une goutte d’eau par rapport au formidable programme développé par SAP, le leader mondial, d’origine allemande, du progiciel de gestion intégrée du même nom. Le géant prévoit ainsi de recruter, d’ici 2020, 650 personnes atteintes d’autisme en Allemagne, mais aussi aux Etats-Unis, en Inde et en Irlande. Un recrutement massif qui représentera environ 1% de son effectif total.
C’est en réalité une entreprise danoise qui est l’artisan de ces recrutements « particuliers » : Specialisterne, qui signifie « Les Spécialistes » en danois, est une société de services dont la majorité des salariés sont autistes. Leurs métiers ? Ils travaillent comme consultants sur des tâches comme le test logiciel, la programmation et la saisie de données pour des clients publics et privés. « Nous exploitons ainsi les caractéristiques et talents des personnes autistes et nous les utilisons comme un avantage compétitif », indique la société danoise. USA, Pologne, Irlande, Suisse, Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne, Norvège … l’agence est présente presque partout en Europe, sauf … en France bien sûr !
Malgré notre législation sur l’insertion de personnes handicapées dans les entreprises, basée sur les quotas, les sociétés françaises sont plus que réticentes face au handicap mental, et davantage encore face à l’autisme : la problématique centrale de la relation avec autrui, spécifique de l’autisme, fait peur aux dirigeants français. Pourtant, nos entreprises hexagonales emploient de très nombreux managers dont le comportement vis-à-vis de leurs équipes pourrait largement s’apparenter à l’autisme. Malheureusement, ces responsables n’en ont pas les formidables compétences intellectuelles !