Les chômeurs sont non qualifiés et vieux
Saviez-vous que moins on est qualifié, plus on a de risque d’être chômeur ? Oui c’est vrai, de génération en génération, nos parents et les parents de nos parents nous l’ont rabâché, depuis notre plus jeune âge. Pour enfoncer le clou, le très sérieux Institut Montaigne consacre une étude détaillée d’une quarantaine de pages sur le sujet, intitulée « Marché du travail : la grande fracture ». L’étude, qui décortique le chômage sous tous ses angles, pose un diagnostic : « le phénomène du chômage de masse concerne en France exclusivement les travailleurs peu qualifiés », et met en lumière « le faible niveau éducatif des plus de 55 ans ». En clair, le chômage touche essentiellement des seniors qui n’ont pas dépassé le niveau du collège. « Même si les jeunes non-diplômés subissent un très haut niveau de chômage, une grande majorité des chômeurs français sont en réalité plutôt âgés ».
On pourrait en déduire que l’objectif de l’étude serait d’analyser le système éducatif et les dispositifs de formation continue pour en tirer quelques propositions intéressantes. Pas le moins du monde. Le propos se focalise sur le coût du travail et démontre qu’il faut baisser les charges sociales sur les bas salaires, afin de motiver les employeurs à recruter ces personnes non qualifiées. Pas question donc de chercher à améliorer la situation des actifs non diplômés.
En guise de conclusion, l’étude reconnaît avoir totalement éludé la question de la formation, pourtant cruciale. Une question qu’elle règle d’un revers de main : « certains [chômeurs actuels] sont trop âgés pour pouvoir s’investir fortement dans la formation ». Jusqu’à quel âge est-on encore apte à se former ? Quel âge ont les auteurs de l’étude pour asséner un stéréotype aussi galvaudé ?
L’Institut Montaigne focalise sa démonstration sur le chômeur non qualifié – et donc souvent âgé – et sur la politique de l’Etat en matière de charges sociales. Mais où sont les entreprises ? Qu’ont-elles fait – ou plutôt pas fait – pour améliorer l’employabilité de leurs salariés, promis au chômage après plusieurs décennies de bons et loyaux services dans les usines aujourd’hui déracinées ? Peut-être ces experts du marché du travail auraient-ils besoin d’une petite remise à niveau concernant la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ? A moins qu’ils ne soient trop vieux ?