Le travail, c’est le bonheur !

Depuis plusieurs décennies, nos anciens nous ont inculqué, grâce à la chanson d’Henri Salvador, que « le travail, c’est la santé ». Puis, avec l’émergence de la Responsabilité sociétale des entreprises – la fameuse RSE – on nous a sondés sous toutes nos coutures pour vérifier si nous étions bien satisfaits au travail. Aujourd’hui, on franchit un pas supplémentaire, déterminant : le travail, c’est le bonheur, tout simplement.

Puisant dans un champ lexical jusque là réservé à la vie privée, on nous abreuve de questions et affirmations pour vérifier que notre travail réside bien au cœur de nos émotions les plus intimes : bonheur et amour qualifient aujourd’hui notre relation à l’entreprise et à nos conditions de travail.

Ainsi, une récente étude de l’Agefa-PME fait le point sur « les jeunes et leur vision du bonheur au travail ». Les 65% de répondants qui estiment que leur travail leur procure plutôt du bonheur (10% se disent très heureux) invoquent pour raisons principales de bonnes conditions de travail, un métier intéressant et un salaire correct. C’est-à-dire, tout simplement, un travail normal. En revanche, les malheureux au travail déplorent une mauvaise ambiance, un surcroît de stress et un travail peu intéressant. On en déduit donc qu’on doit s’estimer heureux de travailler dans un environnement normal. Un peu comme s’il suffisait que votre conjoint-e assure sa part de tâches ménagères pour que vous filiez un parfait amour.

Car il s’agit bien d’amour en effet ! La preuve ? Le monde du travail tient tous les ans sa Saint-Valentin, le 2 octobre. Une occasion pour chaque salarié de démontrer à quel point il « aime sa boîte ». L’objectif de l’association ainsi intitulée : « prendre le temps de (re)découvrir ses collègues et son entreprise dans une ambiance chaleureuse. Une journée au cours de laquelle les barrières hiérarchiques sautent, et laissent place à un fort moment de cohésion et de convivialité ! » Une journée de la femme, mais pour les salariés, en quelque sorte.

La tendance n’est pas spécifiquement française. A Montréal, on découvre récemment que « La vie est belle dans les PME ». Salaire, mutuelle et autres primes font ainsi le bonheur des salariés des PME québecoises. Un bonheur idylique et désintéressé ? Là-bas, les PME peinent à recruter, explique l’enquête canadienne. Et en France ? Ici, on estime que le bonheur est rentable.