« Recherche secrétaire, de 25 à 28 ans, bien élevée et de physique impeccable. »

Voici le contenu de l’article publié dans Ouest-Eclair le 12 décembre 1928 :

Un de nos confrères relève dans les petites annonces d’un journal ultra-léger, le texte suivant :

« Banquier sportif recherche secrétaire sténo-dactylo pour grands voyages d’affaires, en auto, à l’étranger, jeune femme de 25 à 28 ans, bien élevée et de physique impeccable.»

Ce qui vous plaira, à coup sûr, dans la rédaction de cette offre d’emploi, c’est le physique impeccable, lequel, ne faisait pas encore partie des qualités de la parfaite secrétaire… Car voici qu’il ne s’agit plus de prendre des centaines de mots à la minute et de pianoter en vitesse, il faut désormais, pour être bonne sténo-dactylo, un nez régulier, un front sans rides et des joues légèrement rosées.

En somme, il ressort du texte ci-dessus que la secrétaire d’un sportif qui est également banquier, n’est qu’un brillant accessoire de voyage dont on se sert moins pour taper des lettres que des badauds… Et c’est dès lors, dans les magasins, à côté des valises en cuir, des chapelières et des nécessaires de toilette, qu’on doit trouver avant les grands départs, un bon choix de sténos-dactylos au « physique impeccable ».

En un temps où le féminisme est parfois batailleur, je m’étonne que les groupements d’avant-garde ne regimbent pas… Traiter, même si on leur offre la taxe supplémentaires, les employés comme des objets de luxe, au même titre que la glace, le savon et le carton à chapeau qu’un homme d’affaires fourre dans ses bagages, voilà qui dépasse tout…

Au lieu d’aller manifester devant le palais de nos pères-conscrits, j’estime qu’il serait préférable, pour nos suffragettes, d’organiser une protestation monstre devant le local du banquier sportif qui abuse, décidément… J’estime que cette occasion est unique et superbe pour l’affirmation devant le pays et l’univers, des droits imprescriptibles mais trop souvent ignorés, de la femme et de la citoyenne.

Le Petit Grégoire


Aujourd’hui, la rédaction des offres d’emploi est soumise à des règles juridiques strictes. Elles ne doivent contenir aucun élément discriminatoire (sexe, apparence physique, orientation sexuelle, grossesse, handicap, origines ethniques, opinions politiques…). Le recrutement doit être ouvert à tout candidat.

Hélas, même si les critères discriminants n’apparaissent plus (ou presque) dans les offres d’emploi, les discriminations à l’embauche sont toujours présentes. Il existe des recours légaux et vous pouvez être accompagné et conseillé si vous pensez en être victime. Le gouvernement propose un site Internet pour vous aider. Le site délivre également des conseils aux employeurs pour les aider à recruter sans discriminer. 

Au siècle dernier, les recruteurs qui passaient leurs annonces dans la presse étaient très clairs. Il y avait les métiers d’hommes et les métiers de femmes. Ils demandaient  des personnes d’un certain âge (entre 20 et 30 ans par exemple), d’une certaine situation familiale (célibataire, marié, sans enfants…) ou encore d’une certaine religion. D’autres critères étonnants tels que la propreté, la bonne éducation, la sobriété, l’intelligence, l’honnêteté étaient régulièrement énoncés dans les annonces. 

Florilège d’offres d’emploi “étonnantes” publiées dans Ouest-Eclair au début du vingtième siècle.