Plaidoyer pour une médecine préventive des chômeurs

Depuis plusieurs décennies, le médecin Michel Debout œuvre et milite activement pour les chômeurs. « La santé des chômeurs semble n’intéresser personne », constate-­t­-il en introduction de son dernier ouvrage « Le traumatisme du chômage ». Un constat qu’il étaye d’une longue liste de rapports et études sur la santé des Français, dont les chômeurs sont systématiquement absents.

Pourtant, le chômage constitue un véritable traumatisme. Depuis l’annonce du licenciement jusqu’au chômage de longue durée, de nombreux individus vivent cette mise à l’écart comme une descente aux enfers. S’en suivent de nombreuses pathologies, tant physiques que psychologiques, dont l’auteur démontre les mécanismes implacables et qui peuvent mener jusqu’au suicide.

Certes, tous les chômeurs ne souffrent pas de maladies graves ou de dépression. Mais il est évident qu’un accompagnement spécifique permettrait d’anticiper et de suivre le demandeur d’emploi en grave difficulté et ansi d’éviter des désastres humains. « La médecine du travail existe mais paradoxalement, elle s’arrête au moment même où le travailleur perd son emploi », déplore-­t­-il.

Avec l’aggravation sans précédent du chômage et de ses dégâts, Michel Debout considère qu’il est urgent de créer une médecine préventive des chômeurs « afin d’évaluer pour chacun d’eux l’état de santé au moment de la perte de ‘lemploi et l’importance du choc subi ». Ses propositions sont concrètes et logiques : ce suivi pourrait dès le départ être pris en charge par la médecine du travail de l’entreprise qui a procédé au licenciement, d’autant que « le médecin du travail connaît déjà les problèmes de santé présentés par les salariés devenus chômeurs ». Mais le demandeur d’emploi pourrait opter pour d’autres solutions comme par exemple un suivi effectué par le médecin traitant, lorsqu’il en a désigné un. « Cette consultation serait payée par l’assurance chômage et non par l’assurance maladie ».

Quelque soit la solution, « c’est au chômeur qu’il appartient de choisir l’instance médicale qui assurera son suivi préventif, mais celui­-ci doit avoir un caractère obligatoire, comme c’est le cas pour les salariés qui travaillent ». Une évidence !

>> « Le traumatisme du chômage », Michel Debout, Éditions de l’Atelier