Le fossé de l’inégalité professionnelle entre hommes et femmes
Un écart de salaire de 25 %
C’est le montant du salaire brut moyen versé aux femmes en Bretagne en 2009 par leur employeur (public, privé ou associatif) contre 2 308 € aux hommes. Un écart de 25 % que l’Insee Bretagne (Institut national de la statistique et des études économiques) a cherché à expliquer. Car selon les chercheurs, « il faudrait que les femmes travaillent en moyenne un trimestre supplémentaire pour percevoir le même salaire que les hommes ».
La faute à la précarité
Les femmes occupent des emplois et des postes moins qualifiés que les hommes. Elles sont plus nombreuses que les hommes dans des secteurs où les salaires sont les plus bas. Mais la cause principale de cet écart tient aux différences de temps de travail. En Bretagne, les femmes sont 37 % à occuper un emploi à temps partiel, contre 16,3 % pour les hommes. Et elles sont moins souvent en possession d’un emploi stable, à temps plein. Elles travaillent en effet plus fréquemment en CDD. « Le CDI à temps complet n’est pas la norme pour les femmes » constate l’Insee.
L’écart augmente avec l’âge
Si on élimine la variable du temps de travail, tous postes confondus, le salaire horaire des femmes reste toujours inférieur de 14,5 % à celui des hommes, ce qui place la Bretagne 14e sur 22 régions françaises. Même à temps complet, l’écart de salaire horaire est encore de 13,8 %. Cette différence n’est pas propre à la Bretagne. Elle est même plus importante dans les régions où le salaire moyen est plus élevé, comme en Ile-de-France. Ces écarts augmentent aussi avec l’âge. La différence atteint 26 % en faveur des hommes chez les plus de 55 ans, alors qu’elle n’est que de 3 % chez les moins de 26 ans. Même évolution en ce qui concerne la qualification de l’emploi. L’écart de salaire est de 6 % en faveur des hommes pour les employés et les ouvriers qualifiés. Il passe à 22 % pour les cadres.
Des évolutions de carrière moins favorables
Paradoxalement, l’Insee note, qu’à poste égal, en Bretagne, les femmes sont plus diplômées que les hommes, mais qu’elles ont plus de mal à valoriser leur diplôme. À emploi et niveau de qualification comparables, les femmes sont, en effet, moins bien payées que les hommes, en moyenne de 6 %. Cela tient au fait qu’elles bénéficient d’évolutions de carrière moins favorables. Et ce, quel que soit le secteur d’activité. Or les femmes occupent moins fréquemment que les hommes des postes de cadre (9 % contre 13,4 %). Elles sont aussi moins souvent promues. Enfin, l’étude confirme que « c’est avant 35 ans, la période où les chances de promotion sont les plus fortes, que les femmes en sont le plus exclues ».
Philippe GAILLARD.
(1) Etude réalisée par l’Insee et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. Les résultats sont disponibles sur www.insee.fr, région Bretagne