Ça va … comme un lundi !

Le pas traînant et la mine renfrognée, ils lancent souvent la conversation du lundi matin à la cafétéria par un « bof, ça va … comme un lundi ! » : les salariés n’ont pas le moral ces temps-­ci. Enquêtes et études se bousculent pour mesurer l’étendue du mal­-être en entreprise et en ausculter les causes.

Parmi les plus récentes, celle de Randstad révèle que les salariés déplorent un environnement de travail désagréable, une mauvaise collaboration avec les collègues ainsi que l’invasion du travail dans leur temps personnel, soir et week­ends. Jusque là, rien de bien surprenant.

C’est surtout le commentaire de l’expert de Randstad, Mickaël Hoffmann­Hervé*, qui pose question. Selon lui, ce fort sentiment d’insatisfaction « est symptomatique de l’évolution de la société française. Il démontre que les employés portent des attentes de plus en plus fortes vis­à­ vis de leurs employeurs. » Attentes plus fortes ou dégradation de l’environnement et des conditions de travail, imposées par l’entreprise ? Le message de l’expert penche résolument du côté des nouvelles exigences des salariés : « On assiste aujourd’hui à une montée des exigences des salariés vers une meilleure qualité de vie au travail, et pour eux, la perception de cette qualité comporte cette dimension d’équilibre des temps professionnels et privés. » On imagine qu’il s’agit là de montrer du doigt la fameuse génération Y, qui a vu ses parents se tuer au travail et refuse de reproduire ce modèle.

Pourtant, les faits attestent qu’il ne s’agit pas de simples postures de jeunes salariés fainéants qui rechignent à la tâche et que le mal est beaucoup plus profond. « Difficultés pour trouver le sommeil, irritabilité avec ses proches, maladies psychosomatiques sont autant de symptômes qui peuvent être révélateurs d’un mal-être au travail », reconnaît Mickaël Hoffmann­Hervé. Pour expliquer ce mal­être, il met en exergue « une dégradation de l’image des entreprises » ­ et non de leurs pratiques – mais reconnaît tout de même que « les employeurs n’ont pas toujours tenu leurs promesses » et que « l’écart entre le discours de l’entreprise et la réalité s’est accentué ».

Heureusement, les solutions préconisées par l’expert de Randstad se situent bien du côté de l’entreprise. Il s’agit d’ « aider les managers à acquérir un niveau de maturité supplémentaire pour leur permettre d’accompagner au mieux leurs équipes ». Une démarche qui permettrait d’améliorer ce qu’il appelle le « confort du salarié » ­ et non pas juste sa santé mentale et physique.