Bien-­être au travail, un business rentable

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Alors que les Français n’ont jamais été aussi stressés, le bien­être business est de plus en plus florissant. Le salon du bien­être qui se tient en ce moment à Paris en est une illustration : 340 exposants, des dizaines de conférences, des ateliers et même un espace méditation… le business du bien-­être ne s’est jamais aussi bien porté !

Les statistiques foisonnent sur le sujet, en particulier en matière de coûts induits par le stress, tant pour l’entreprise que pour le pays. Mais côté business, les chiffres s’envolent également : l’ensemble de l’activité liée au bien­être concerne, selon l’Insee, 288 465 entreprises, 542 846 salariés pour un revenu de 37,5 milliards d’euro de chiffre d’affaires !

Le bien-­être au travail n’est pas en reste : psychologues, coachs, consultants, éditeurs de logiciels, cabinets de prévention et d’études se sont engouffrés dans une brèche béante. À commencer par les produits permettant de mesurer la souffrance au travail. Ainsi, l’IBET©, système de mesure du bien­être au travail conçu par Mozart Consulting, « permet non seulement de cartographier l’engagement socio organisationnel, mais également de révéler la performance sociale et le bien­être au travail ». Des logiciels, des consultants, des études viennent packager l’offre.

Les cabinets dits de prévention des risques se sont également multipliés ces dernières années. Et fournissent des prestations diverses … et chères ! Sans oublier les myriades d’ouvrages publiés sur le sujet de la souffrance au travail, et qui rencontrent des succès très variables. Évoquant le « procès en illégitimité ou en rapacité », fait aux professionnels du secteur, Jean- Claude Delgenes, directeur général de Technologia, cabinet spécialisé dans la prévention des risques professionnels, répondait dans Le Monde : « Quand un conflit moyen est estimé à 100 000 euros ou qu’un point d’absentéisme équivaut à 1% de masse salariale supplémentaire, on imagine la facture ! » Une facture que les acteurs privés peuvent tranquillement alourdir, profitant de la carence des pouvoirs publics en la matière … faute de moyens.