Formation des chômeurs : un plan qui marche
Le plan de formation de 500 000 chômeurs supplémentaires en 2015, annoncé par François Hollande en janvier 2016, entre doucement en application. Avec un certain succès.
Former davantage les chômeurs
Le 18 janvier 2016, le président de la République présente ses vœux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi, dans le cadre du Conseil économique, social et environnemental (CESE). François Hollande est attendu au tournant car il doit annoncer un plan d’urgence pour l’emploi, ou contre le chômage, c’est comme on veut. Pour lui, la France est en « état d’urgence économique et social ».
Le président de la République fait donc une série d’annonces. Parmi elles, une retient particulièrement l’attention : un important plan de formation pour les chômeurs.
Le président explique qu’il faut « offrir de nouvelles chances à tous ». Et rappelle « qu’un million de chômeurs n’ont aujourd’hui pas le niveau du bac, 700 000 pas celui du CAP ». Son idée ? Former « 500 000 demandeurs d’emploi, soit un doublement par rapport à 2015 » (Petit détail : il s’agit de 500 000 actions de formation supplémentaires).
Pour quoi faire ? « L’enjeu, c’est de pourvoir les emplois disponibles et qui ne trouvent pas preneurs faute de personnel qualifié en nombre suffisant », explique le chef de l’État. C’est aussi « de saisir les nouvelles opportunités liées aux secteurs en expansion : le numérique, la transition énergétique mais aussi, les activités traditionnelles pour lesquelles la demande en emplois qualifiés est croissante, l’aéronautique, le bâtiment, la sécurité, le tourisme, le service à la personne… ».
Le gouvernement va mettre 1 milliard d’euros sur la table. Il espère le concours des régions.
À l’époque, beaucoup se gaussent de cette annonce en expliquant que François Hollande manœuvre pour faire sortir des chômeurs des statistiques de Pôle emploi. En effet, un demandeur d’emploi qui entre en formation sort de la catégorie A, B ou C pour entrer en catégorie D (Demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie…), là où il n’est plus considéré comme demandeur d’emploi. Le président s’en défend.
Bonne entente entre l’État et les régions
Le gouvernement n’entend pas traîner. Début février, il réunit les 12 régions, rangées sous l’autorité de l’Association des régions de France. Les deux camps envisagent un partenariat qui précisera « les engagements des deux parties pour l’emploi, la formation, le développement économique et l’apprentissage ».
À l’occasion, le Premier ministre martèle que l’État doit faire « pleinement confiance aux régions » et appelle à « une nouvelle donne » entre les deux partenaires.
Les régions, même celles qui sont passées à droite lors des élections de décembre 2015, sont satisfaites du discours de Manuel Valls. Elles vont jouer le jeu. Sauf une.
Conventions signées
Aujourd’hui, « 17 régions sur les 18 (régions et collectivités d’outre-mer) ont signé la convention avec l’État », a détaillé, lundi 27 juin, l’ARF, à l’issue d’un point avec la ministre du Travail Myriam El Khomri et la secrétaire d’État à la formation professionnelle Clotilde Valter. Une convention quadripartite qui associe l’État, les régions, Pôle emploi et les partenaires sociaux.
Seule la région Auvergne-Rhône-Alpes, présidé par Laurent Wauquiez (Les Républicains) n’a pas signé. C’est donc Pôle Emploi, comme prévu en cas de désistement d’une région, qui a pris le plan en main.
Satisfaction
Pour Philippe Richert, le président de l’ARF, également président (Les Républicains) de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorrain, le premier bilan de la convention est « positif » même « s’il reste beaucoup à faire ». Certaines régions « constatent d’ores et déjà une très forte augmentation des prescriptions, des inscriptions ou entrées en formation », indique l’ARF. + 67 % d’entrées en formation dans le Grand Est, + 40 % des entrées et inscriptions en Bretagne, + 56 % de prescriptions en Nouvelle Aquitaine.
Pour l’Association, le plan a « permis, dans de nombreux territoires, d’élargir l’offre de formation, de prendre en compte davantage de demandeurs d’emploi de longue durée ou des seniors et d’intervenir en faveur des territoires les plus fragiles ». Elle note, au passage, que « les relations avec Pôle emploi sont bonnes et se sont amplifiées » avec la mise en œuvre du plan.