Chômage. Troisième mois de baisse, une première depuis la crise de 2008

« Il s’agit de la troisième baisse mensuelle consécutive, ce qui constitue un résultat inédit depuis février 2008 », note Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social.

Le chômage a baissé en France en novembre pour le troisième mois consécutif, une série inédite depuis la crise financière de 2007-2008 qui lui permet de revenir à un plus bas de près de quatre ans, selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Travail.

L’année 2016 aura donc bien été marquée par l’inversion de la courbe du chômage espérée par l’exécutif depuis 2013. Mais François Hollande a reconnu au début du mois, en annonçant qu’il renonçait à briguer un nouveau mandat, qu’il restait « à un niveau très élevé » malgré la diminution « enfin » amorcée depuis le début de l’année.

La catégorie A en baisse de 0,9 % en novembre

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucune activité) a reculé de 0,9 % le mois dernier, soit 31 800 de moins qu’à fin octobre, pour s’établir à 3 447 000, un plus bas depuis janvier 2013.

En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite), le nombre d’inscrits à Pôle Emploi a en revanche augmenté de 0,3 %, soit 15 000 personnes supplémentaires en un mois, à 5 475 800 (5 778 000 en incluant les départements d’Outre-mer, également en hausse de 0,3 % sur un mois). Sur un an, le nombre de demandeurs de catégorie A recule de 3,4 % tandis que le total des inscrits dans les catégories A, B et C augmente de 0,5 %.

Depuis le début de l’année, les effectifs de la catégorie A ont reflué de 133 500 et le cumul des inscrits dans les catégories A, B et C a diminué de 28 000. Le nombre d’inscrits dans la catégorie A n’avait pas connu trois baisses mensuelles consécutives depuis le début de la crise.

+0,2 % pour les 50 ans ou plus -2,3 % pour les moins de 25 ans

La baisse du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A en novembre a principalement concerné les moins de 25 ans, avec un recul de 2,3 % du nombre d’inscrits, à 472 700.

Sur le mois, le nombre d’inscrits a également diminué de 1,1 % chez les 25-49 ans mais il a progressé de 0,2 % chez les 50 ans ou plus. La tendance sur un an est comparable mais plus marquée, avec un recul de 9,2 % pour les jeunes, une baisse de 4,1 % chez les 25-49 ans et une hausse de 1,6 % chez les seniors.

Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d’un an à Pôle emploi, considérés comme chômeurs de longue durée, a augmenté de 0,2 % en novembre, à 2,421 millions et il décroît de 1,2 % par rapport à novembre 2015. Leur proportion dans le nombre total de chômeurs est en baisse de 0,1 point, à 44,6 %.

Sur les trois mois à fin novembre, les sorties de Pôle Emploi ont notamment été portées par les sorties pour reprise d’emploi qui ont atteint leur plus haut niveau depuis avril 2008.

« Explosion de la précarité » pour la CGT

Toutefois, en prenant en compte les travailleurs exerçant une petite activité (catégories B et C), le nombre de chômeurs continue d’augmenter, atteignant 5,48 millions (+0,3 % sur un mois, +0,5 % sur un an) en métropole.

La CGT a mis les projecteurs sur l’augmentation de 8% en un an des catégories B et C, à plus de deux millions de personnes. « Si nous conjuguons ces chiffres avec la diminution de l’indemnisation, nous ne pouvons pas voir là une embellie mais bel et bien une explosion de la précarité », relève-t-elle.

Et chez les seniors (plus de 50 ans), la situation reste tendue en catégorie A, avec une hausse de 0,2% par rapport à octobre. Elle atteint +1,6% par rapport à novembre 2015.

Stable depuis plusieurs mois, la catégorie D qui compte les chômeurs en formation a augmenté en novembre à 338 000, un record.

Une baisse artificielle ?

Or certains syndicats et l’opposition accusent le gouvernement de tenter de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage avec le plan 500 000 formations supplémentaires pour les chômeurs : en entrant en formation, ils sortent des catégories A, B et C pour rejoindre la D, moins scrutée.

Selon les dernières prévisions de l’Insee, l’amélioration va continuer, mais légèrement. Le taux de chômage devrait reculer à 9,6 % de la population active en métropole (9,9 % en France entière) à la fin de 2016, et cette décrue devrait se poursuivre jusqu’à la mi-2017 pour atteindre 9,5 % en métropole.

Cette légère embellie serait liée à une poursuite des créations nettes d’emplois jusqu’à mi-2017, qui suffiraient à absorber la hausse de la population active. Au troisième trimestre 2016, l’économie française a créé 51 200 nouveaux postes, enregistrant un sixième trimestre consécutif de créations d’emplois, également du jamais vu depuis 2008.

D’après les prévisions de l’Insee, le taux de chômage ne retrouverait pourtant pas, d’ici à la fin du quinquennat Hollande en mai 2017, son niveau du début de mandat (9,3 % en métropole).