Les métiers de la mer boudés par les jeunes
« Quelles sont les pistes à actionner pour conforter la Bretagne comme grande région maritime ? » En 2015, la problématique avait motivé une étude du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) et une série de préconisations…
Mardi dernier, lors d’une table ronde qui prolongeait le forum de la mer par le Pôle Emploi maritime et Cap Avenir, un constat émergeait des échanges entre professionnels. « Les métiers de la pêche sont en déficit d’attractivité alors qu’ils sont souvent porteurs d’emplois… », ont souligné Thierry Leneveu et Michel Le Clech, les deux rapporteurs du Ceser.
Contrats de matelot…
Un déficit d’image que le président du comité des pêches des Côtes-d’Armor reconnaît volontiers. « C’est vrai qu’on manque de personnel et de matelots, déplore Alain Coudray. Pourtant, les bateaux d’aujourd’hui sont des palaces dotés de tout le confort. Ils n’ont rien à voir avec les bateaux d’autrefois. On fait la promotion de notre métier qu’on aime mais nous avons une mauvaise image. La profession fait l’objet d’attaques répétées des médias et des écolos… Ça nous plombe. »
Persuadé qu’il faut « donner rapidement de l’attractivité et de l’accessibilité au métier », le président en appelle aux aides financières des politiques et à un allégement des règlements…
Sibyllin, il pointe du doigt ce règlement qui empêche des élèves de 3e de venir faire en stage à bord d’un bateau.
« Pour recruter entre 10 et 15 contrats par an (certificats de matelots), il faut déployer beaucoup d’énergie. Si on diffuse une offre d’emploi, on ne peut pas espérer la voir aboutir sans un accompagnement important de l’employeur et du candidat », témoigne Nathalie Le Treust.
La responsable de Cap Avenir, partenaire du forum, insiste sur la complexité d’un système, loin de faciliter l’accès à l’emploi. « D’abord, on propose au candidat une marée de découverte pour voir si cela peut lui convenir. Ensuite, on doit accompagner la visite médicale… C’est beaucoup de démarches mais on arrive quand même à former 10 à 15 nouveaux marins pêcheurs par an. On travaille en étroite relation avec le lycée maritime et le territoire. On sait que 80 % des gens formés resteront ensuite dans le milieu de la pêche. »
À Paimpol, ce discours fait « tilt » chez les convaincus. Jean-Yves de Chaisemartin n’a d’ailleurs pas caché sa « fierté de disposer à Paimpol d’un lycée maritime car ici, la mer, c’est notre âme ». Et le maire réclame efficacité et pragmatisme. « Mieux vaut quand même former ici des marins pour assurer l’entretien du parc hydrolien que de faire appel à des gens de l’extérieur… »
Un lycée qui prospecte
Directeur du lycée Pierre-Loti, Denis Béric en est certain, lui aussi. « Mon équipe pédagogique ne ménage pas ses efforts. Nous nous rendons dans les collèges de la région pour attirer vers nous les élèves, confie-t-il. Cette année, 85 collégiens sont venus découvrir nos formations. On leur propose un ministage de deux jours… Malgré nos efforts de formation, nous sommes loin de compenser le nombre des professionnels qui s’en vont en fin de carrière. »
Raison de plus pour trouver d’autres moyens de rapprocher l’offre et la demande d’emploi.