Le métier de sage-femme est « en pleine mutation »
« Au moins six bonnes raisons de consulter une sage-femme. » C’est le thème de la campagne de communication lancée hier par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Le but est de valoriser leurs compétences méconnues : contraception, visites à domicile pour la mère et le bébé après la sortie de la maternité, rééducation du périnée, examen des seins, etc. Depuis le 2 juin, les sages-femmes peuvent aussi pratiquer une IVG médicamenteuse et vacciner l’enfant et ses parents, notamment contre la coqueluche.
Depuis 2009, la sage-femme n’est plus cantonnée à l’hôpital ni aux accouchements. Selon la direction des études et statistiques du ministère de la Santé (Drees), 26 % des 21 600 sages-femmes françaises exercent désormais en libéral, comme un dentiste. Mais peu de personnes le savent. « C’est dommage car certaines femmes ne trouvent pas de gynécologue à proximité, estime Sophie Guillaume, présidente du Conseil national des sages-femmes. 25 % des moins de 25 ans n’ont jamais eu de suivi gynécologique. »
Relation de confiance
« À l’hôpital, on a des relations fortes mais brèves avec les patientes qui accouchent, décrit Laurence Platel, sage-femme libérale en Loire-Atlantique depuis 1987 et membre de l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF). Quand on les reçoit au cabinet ou qu’on leur rend visite à domicile, on a le temps de nouer une relation de confiance. » Si la sage-femme repère un problème ou une maladie, elle oriente sa patiente vers un médecin ou un gynécologue.
Entre le développement du travail en libéral et leurs nouvelles compétences, « le métier est en pleine mutation », apprécie Sophie Guillaume. Mais tout n’est pas rose comme une layette. « À l’hôpital, on réclame toujours d’avoir le même statut que les pharmaciens, médecins, biologistes et dentistes. » Une mesure qui leur offrirait plus d’autonomie par rapport à leur hiérarchie et un meilleur salaire. Selon la Drees, le salaire net annuel moyen d’une sage-femme à l’hôpital public est d’environ 22 200 €.
Marisol Touraine avait pourtant annoncé un changement de statut pour les sages-femmes de l’hôpital en 2014. « Ça n’était qu’un changement de nom, dans les faits, rien n’a changé », s’agace Sophie Guillaume.
Quant à Laurence Platel, elle aimerait que la liste des compétences soit encore élargie, pour être plus pertinente. « On peut soigner une infection urinaire, mais seulement pendant la grossesse. On peut prescrire des anti-inflammatoires, mais seulement après l’accouchement. Les soins que nous pouvons faire sont définis par une liste figée, compliquée à mettre à jour. » Une définition plus large serait plus simple, comme pour le dentiste, qui est compétent pour la bouche, les dents et les maxillaires. « On essaie de faire doucement évoluer les choses. Mais on part de loin : jusqu’en 2004, on ne pouvait même pas déclarer une grossesse. »